Réunion au sommet entre le Saint-Siège et les musulmans

La bombe médiatique n’a pas explosé

ROME, Vendredi 24 octobre 2008 (ZENIT.org) – Au moment où le Saint-Siège prépare une réunion au sommet avec des représentants de l’islam, des médias ont sorti de leur contexte quelques unes des propositions élaborées par des groupes de travail du synode, dans le but de susciter une polémique entre l’Eglise et le monde musulman

Mais la bombe n’a pas explosé. La préparation de la réunion se poursuit et elle se tiendra comme prévu au Vatican les 4 et 5 novembre sur le thème « Amour de Dieu, amour du prochain ».

La rencontre, organisée par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, rassemblera les représentants des 138 personnalités musulmanes – intellectuelles et religieuses – qui, à l’initiative du prince jordanien Ghazi bin Muhammad bin Talal – avaient signé une lettre ouverte intitulée « Une parole commune » (entre vous et nous).

Cette rencontre a été présentée le vendredi 17 octobre à l’assemblée du synode des évêques par le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.

Comme l’a précisé le prélat français à propos du dialogue entre musulmans et catholiques, le texte fondamental reste la déclaration Nostra aetate du Concile Vatican II.

Le cardinal a évoqué ensuite le point 38 du « rapport après le débat » présenté par le cardinal Marc Ouellet, P.S.S., archevêque de Québec. Ce point reprenait la proposition qui a émergé au synode d’organiser un « forum de la Parole de Dieu », où chrétiens et musulmans pourraient discuter et méditer ensemble.

Il serait peut-être plus approprié de parler d’un forum entre les religions, a suggéré le cardinal Tauran car les chrétiens ne partagent pas avec les musulmans la conviction selon laquelle le Coran serait « révélé » (la révélation)

Une bombe qui n’a pas explosé

Dans ce contexte, certains journaux italiens ont interprété comme un refus du dialogue avec l’islam la proposition élaborée au sein du groupe de travail “Espagnol A” (Hispanicus A), selon laquelle, dans le dialogue interreligieux, on doit garder à l’esprit la conception musulmane des droits de la femme qui ne sont pas traités comme le prévoit la doctrine des droits fondamentaux de l’homme.

Le groupe se déclare en faveur du dialogue, tout en clarifiant les différences objectives qui existent entre la conception chrétienne et musulmane, ainsi que concernant la conception de la famille.

Pourtant, des medias italiens du 18 octobre présentaient cette proposition comme un refus ou un frein (selon des nuances variables) au dialogue interreligieux avec l’islam et publiaient des déclarations de responsables musulmans en Italie critiquant le refus supposé du synode au dialogue.

Par exemple, Mario Scialoja, représentant de la Ligue islamique mondiale, jugeait « excessif » d’interrompre le dialogue en raison de la conception différente des droits de la femme. Telle n’était pas la version que présentaient les médias ; en revanche c’est précisément ce que disait le synode. La bombe n’a donc pas explosé.

Jesús Colina

http://zenit.org/article-19199?l=french